Chaque soir est le même. Allongée dans mon lit, je sens mon poul cogner contre l'oreiller. Sous mon ventre, mon bras, comme pour maintenir la blessure que j'ai au creux de moi. Je sens jusqu'à pouvoir l'imaginer, le noeud qui se tord à l'intérieur. Mais je me dis que c'est ce qu'il faut. Comme un processus naturel qui est là pour extraire l'acide qui me brûle les entrailles. Je tente de couvrir l'écho qui résonne en mon cerveau en me répétant "n'y pense plus", "ne pense plus à rien", mais rien à faire, son image revient toujours se poser devant mes yeux. Et notre histoire défile comme un film, des brefs flash-backs qui creusent encore plus l'abîme dans mon estomac. Alors je m'endors sur ces pensées, qui finissent par se transformer en rêve... La nuit dernière, j'ai rêvé qu'elle était là, pas loin de moi, que je la connaissait même, je la voyais s'apprêtant à le retrouver, elle était exactement comme moi lorsque j'étais encore à sa place. Elle empruntait le même chemin, avec la même impatiente, et la même fièrté. Puis je me suis réveillé, avec cette sensation étrange, d'avoir vu la réalité.
Par S. Bonnot .