Quelques mois après je suis toujours là, à t'attendre. Tout est encore bien là, entasser seulement au fond de moi, comme les feuilles chiffonnées dans ma poubelle à papier. Je suis prise dans un beau piège, ton image, qu'il m'est impossible d'effacer. Et plus je tente de me distraire pour t'oublier, plus tu es là. Et dans chacune de mes rondes, dans tout mes regards vers le ciel, dans chacun de mes déboires, toutes ces nuits où tu devrais totalement disparaître, je vois ton visage. Si distinctement... Regardes moi, je laisse mon esprit quitter mon corps parfois, et pourtant je continue à parler de toi. C'est mon coeur qui prononce ton nom et c'est tout mon corps qui ne le supporte pas. Toi, drôle d'oiseau insaisissable, espiègle petit garçon, joueur insouciant, marchand de tendresse, j'espère que finalement tu comprendras que moi, je n'ai jamais fait semblant. Et au fond de toi tu sais, que chaque fois que je posais les mains sur toi je disais je t'aime, même si c'était trop tôt pour le dire avec des mots.
Tu vois, peut être ne faut-il pas remuer le couteau dans la plaie, mais parfois c'est bon de vider un peu son sac. Et même si tu n'entends rien de tout ça, moi je cours moins lourde vers une vie sans plus aucune trace de toi. Car je sais qu'il en restera rien demain. Ni mon chagrin ni mes souvenirs persisterons. Ca je le sais bien. Ce qui me fait tant souffrir aujourd'hui me paraîtra parfaitement futile demain. Demain, j'ai hâte, tellement hâte de vivre mon lendemain. Car même si la cicatrice fait sourire, la blessure ne se referme pas comme ça.
Photo : " Bicyclettes abandonnées ", J-F. Rauzier