Ici, tout m'est égal. J'attends seulement ma permission. Chaque jour, je vais m'assoir devant la porte au bout du couloir. J'arrive à voir l'horizon à travers elle. Parfois, ca peut durer des heures. Le reste de mon temps est standard. Ca me file souvent des allégies d'ailleurs. Ca me fait comme un néon sur le front qui plie mes yeux et qui bourdonne dans ma tête toute la journée. Et la lumière, si blanche qu'elle me rend blafarde.  Le couloir est un couloir. Pareil tout du long. Les éléments du décor sont tous les mêmes. Quand je passe, je ne les regardent plus. Je regarde mes pieds. Mon courage n'as plus la force de se lever chaque matin. Alors, je le fais à sa place. Tant bien que mal. Je continue d'arpenter le couloir en ne pensant qu'à ce qu'il y a droit devant moi, tout au bout. J'y vais pour trouver la clé. La clé qui ouvre la porte qui donne sur l'ailleurs. << Puisqu'ici, tout m'est égal. >>

Il est impératif de toujours trouver un sens. Interpréter tout, tout le temps. Comprendre. Et quand on n'en trouve pas, on dit que c'est absurde. Et si tout était absurde ? Si tout était qu'une simple mascarade ? Un gros canular, une mise en scène ? Peut être, mais puisque tout le monde joue le jeu, toi aussi. Il ne peut y avoir personne en dehors de l'arène. Même les perdants doivent rester. Ils restent dans les gradins avec les passifs, comme moi. Je demeure depuis toujours assise. Parfois quand même je me lève et je crie, je descend quelques marches pour mieux voir. Mais jamais je ne suis encore descendu tout en bas, poser le pied sur le sable. Surement par peur de voir de près les visages de ceux qui jouent leur vie. Un jour pourtant, il le faudra. En attendant j'essaie de retarder chaque jour un peu plus l'échéance. Parfois, je sens ma poitrine se gonfler et mes poings se serrer,  et j'ai soudain l'envie de sortir lâchement par la porte de secours. Je veux qu'on me laisse tranquille, qu'on arrête de se mettre devant  pour me faire des grands signes. Je veux sauter toutes les marches. Traverser le jeu en courant. Ouvrir la porte de la cage. Partir en cavale dans un autre monde, fuir le jeu. Fuir la vie. Fuir le temps.

 

Aussi niais que cela puisse paraitre.
Je dédie ce texte à tous ceux qui dirons que c'est "la crise de l'adolescence".

Il est revenu aujourd'hui. Le printemps. Il est pas très en forme. Le voyage est de plus en plus long et difficile... M'enfin, je ne m'inquiètes pas, le temps de se reposer un peu et de déballer toutes ses affaires et il sera parfaitement installer. Et comme tous les ans, à la fin de son séjour, on pleurera tous de le voir repartir. Vous verrez. Chaque fois, c'est comme ça. Parce que quand il est là, ca change tout. Rien que ce champs de foire que je ne supporte plus, il change de couleur, comme dans les veuilles photos sépia où il fait toujours beau temps en arrière plan, les matins sont plus léger et les sortis d'interro sont encore plus libératrices... Jusqu'à l'odeur, ca sent l'été, là où d'habitude je ne respire pratiquement plus. Alors voilà, bientôt, je pourrais reprendre mon souffle.
 

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